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Retour à Autun
Mardi 29 octobre, je quitte St Jacques de Compostelle.
Je passe d'abord une partie de la matinée dans les rues de la ville et retourne une dernière fois à la cathédrale. Il y a peu de monde, les chaussées sont encore humides des pluies de la nuit. Mais un soleil radieux salue cet revoir à ce lieu mythique qui a focalisé nos pensées pendant tant de jours sur les chemins les plus variés. Une famille d'Espagnols me prend en photo. Les trois enfants se mettent autour de moi pour poser. Je dois avoir l'allure du pélerin comme on se l'imagine, en fin de parcours, avec mes chaussures usées et ouvertes sur les côtés, les habits qui ont essuyé les intempéries, le regard peut-être un peu fatigué mais trahissant le bonheur d'être arrivé au bout de l'épreuve et surtout mon bourdon qui m'a permis de nouer tant de contact.
A 11 h 30 j'embarque dans un bus d'Eurolines qui après un arrêt avant Burgos, va rouler toute la nuit vers Bilbao, Irun, Toulouse, Montpellier, Avignon, Lyon et enfin Chalon-sur-Saône où j'arrive à 14 h 30. 27 heures de voyage avant de retrouver la Bourgogne. Cécile est venue me chercher en voiture et nous rentrons ensemble à Autun.
Voilà, c'est fini. Dire que je partais de Vézelay le 5 septembre dernier et que nous sommes le 30 octobre. J'ai l'impression que c'était hier, qu'il ne s'est rien passé ou presque. Et pourtant.... J'ai parcouru à pied plus de 1800 km (1822 environ) en 50 jours (3 jours d'arrêt), soit une moyenne de 36,6 km par jour avec des pointes à 47 et j'ai laissé 5 kg sur le terrain, soit 1 kg perdu tous les 10 jours...
Comme après chacun de ce type d'expérience, je vais passer plusieurs jours dans un monde qui n'est pas celui qui m'entoure. Je vais "planer" avant de retrouver les réalités du quotidien. Mais, quelque part, on garde toujours un peu quelque chose du chemin de St Jacques, même des années plus tard!
Lundi 28 octobre: Journée complète à Santiago
"Qu'il est doux de ne rien faire quand tout s'agite autour de vous!"
En effet, ce matin, je ne fais pas mon sac comme c'était le cas régulièrement depuis des semaines. Par contre il y en a quelques uns qui se préparent dans l'obscurité. Vont-ils à Fistera? Je n'en sais rien. Pour moi, c'est fini, je ne marcherai plus et j'ai du mal à le croire. Pourtant j'étais devenu une "bête de marche". C'est dommage de s'arrêter alors que j'ai une super forme et un entraînement du diable. Je vais tout perdre...
Matinée dans les rues de St Jacques; C'est drôle de se déplacer sans sac sur le dos. J'ai l'impression qu'il me manque quelque chose. Ce sac fait partie de mon corps! C'est étrange, j'ai plus faim quand je ne marche pas que quand je suis dans l'effort et j'ai envie de tout ce que je vois.
Dans la cathédrale je vais allumer les bougies promises à tous ceux qui me l'ont demandé. Je reste un long moment à les regarder briller aux pieds de la statue de St Jacques à cheval. Je me dis que j'ai réussi à atteindre mon objectif. Que de jours de marche dans toutes les conditions météo, dans des paysages si variés, à traverser de mornes plaines, à passer des cols, à suivre des chemins creux et humides plein de boue, à traverser des villes, des zones industrielles, des petits villages perdus. Tout cela pour arriver là, dans cette cathédrale, devant ces petites bougies qui scintillent dans la semi obscurité et le silence feutré de l'édifice religieux.
A midi j'assiste à la messe. De l'émotion là encore car je me dis que c'est la fin de l'aventure, une aventure à nouveau extraordinaire quand on considère globalement le travail physique demandé, mais tout à fait ordinaire à mes yeux quand je songe à chacune de ces étapes parcourues avec détermination; Rien d'exceptionnel après tout si on pense à chaque minute passée. Il a suffit de mettre un pied devant l'autre et d'écouter son corps pour lui éviter de souffrir, de se blesser.
Avec Rita, on passe l'après midi a faire quelques boutiques de souvenirs après avoir mangé ensemble dans un restaurant de la ville. On mange encore le soir ensemble dans le gite des plats préparés qu'on réchauffe dans la cuisine.
L'albergue est remplie de Coréens. Il faudra que j'intervienne dans l'une de leurs chambres vers minuit pour leur dire de se calmer un peu car çà parle et rigole très fort. Ils s'excusent et se taisent...
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