47ème jour: Salas - Borres : 36 Km
Je suis dans ce bled perdu à 16Km après Tineo. J'ai rattrapé du monde et ce soir, l'auberge est pleine d'Italiens et d'Espagnols. Ça promet pour la nuit.....
Je me prépare dans cette solitude la plus complète qui caractèrise la marche depuis Vèzelay cette année. Quel changement par rapport à la voie du Camino Frances! Il fait nuit de plus en plus tard le matin. A 8 h 15 c'est encore l'obscurité. Je sors quand même et cherche mes marques. J'ai un peu de mal à quitter la ville. Mais dès que je suis dans la forêt, l'obscurité me fait marcher avec prudence.
L'humidité des lieux me saisit le corps d'autant que je suis toujours en short depuis mon départ du 5 septembre. La température a toujours été acceptable même si les matins commencent à devenir plus frais. Il a du pleuvoir dans la nuit car tout est détrempé, les chemins sont boueux et l'eau dégouline de partout. Longue montée qui ne semble jamais finir. Passage devant l'albergue que j'aurais aimé atteindre hier soir, mais il aurait fallu que je marche encore 2 heures de plus.
Je prends un café à La Espina histoire de me redonner un coup de fouet et je vais marcher sans discontinuer jusqu'à Tineo à plus de 10 km de là. C'est ici que va commencer à souffler un vent d'une violence qui va aller en s'emplifiant. Ce vent va souffler de plus en plus fort et cela va durer toute la journée. Il souffle en tempête et il oblige à marcher courbé en avant car il est de face. Cela doit sûrement annoncer une pluie prochaine...
Comme ailleurs, les chemins sont sympas, verdoyants, longeant prairies, champs, forêts avec plein d'animaux, vaches, chevaux, moutons, chiens qui aboient comme d'habitude, chats plus tranquilles mais souvent apeurés, des fermes sales, pleines de fumier avec le lisier qui dégouline de partout et cette odeur forte des fermes de mon enfance. Je longe de gros murets de pierres sur des kilomètres avant donc d'atteindre Tineo où je vais manger un peu en regardant la ville en contrebas et en plein vent.
Après midi à marcher sous ce magnifique soleil en suivant un chemin qui domine la vallée et les montagnes à l'horizon. Dans une forêt, je rattrape un couple de Slovaques. Ils passent leur temps à ramasser des champignons. Lui nous promet un monde sans argent pour très bientôt... Je les abandonne à leurs champignons mais je les reverrai le soir au gîte.
Super beau chemin, bien creux, bien sombre jusqu'au monastère Santa Maria La Real de Obona. Montée ensuite où je me défoule en dépensant beaucoup d'énergie car j'aime grimper. J'ai l'impression de faire cela sans effort, d'aller aussi vite que sur du plat, alors que je n'aime pas les descentes qui peuvent faire mal aux genoux. Dans les montées on ne peut pas se faire mal.
Puis, c'est une longue route goudronnée en terrain dégagé et face au vent violent qui fait zigzaguer. Je rattrape deux filles, une Américaine et une Portugaise qui arriveront également plus tard au refuge. Quelques kilomètres encore dans ce vent qui nous saoule complètement et j'atteins le gîte dans le petit hameau de Borres, Bled perdu dans les collines. Ce gîte est presque plein. C'est bien la première fois que je vois çà. Comment est-ce possible alors qu'il n'y avait personne ailleurs? D'où viennent-ils tous? En tout cas finie la tranquillité d'autant qu'il s'agit surtout d'Espagnols et d'Italiens qui ne savent pas parler entre eux en chuchotant. Tout le monde profite de leurs conversatiions... La soirée va être longue et bruyante jusqu'à 22 h!